Mobilité lourde et hydrogène
Au cœur de la transition énergétique, le secteur du transport en pleine réforme se voit offrir plusieurs alternatives. L’hydrogène, solution prometteuse, pourrait trouver sa rentabilité économique grâce à la mobilité lourde qui est le facteur décisif dans cette transition.
Quel impact de la mobilité lourde dans le panorama français ?
La COP 21, approuvée en 2015 à Paris, a marqué les échéances climatiques pour les états membres. Depuis, le cadre réglementaire au niveau régional, national puis européen évolue sans cesse afin de réformer les grands secteurs émetteurs de CO2 et ainsi maintenir la température globale en deçà de 2 °C.
Le secteur du transport, à lui seul, représente près de 33% de la consommation d’énergie finale en France en 2015. Une hausse de 4% par rapport à 1990, soit 39% des émissions totales de gaz à effet de serre.
Les véhicules lourds sont beaucoup moins affectés par ces réglementations alors qu’ils représentent une part non négligeable des émissions (38%). Leur place est néanmoins clé dans le développement de solutions alternatives innovantes.
Quel rôle de la mobilité lourde dans le déploiement de l’hydrogène ?
En effet, le choix de l’électrique pour les véhicules légers a été fait par le plus grand nombre il y a des années. La plupart des constructeurs, dont : Nissan, Tesla ou encore Renault, ont développé des gammes de modèles de véhicules électriques afin de répondre aux enjeux de la transition énergétique.
On pourrait imaginer que le développement de gammes innovantes pour les poids lourds se joue en parallèle. Toutefois, et bien que certains acteurs s’attèlent à la tâche, il n’existe toujours pas de solution économique et mature permettant de répondre aux besoins des transporteurs (typologie et utilisation des flottes).
L’hydrogène apparaît alors comme la solution innovante de demain pour le transport lourd routier et maritime. Les raisons en sont multiples. Tout d’abord, l’hydrogène est une solution de stockage long terme qui permet une autonomie bien plus importante que les batteries. Ensuite, l’hydrogène répond aux limites de poids et d’espaces auxquels font face les transporteurs. Les batteries quant à elles présentent le défaut d’être lourdes et volumineuses ce qui entraine une perte non négligeable de charge utile pour des véhicules de transport de personnes ou de marchandises.
L’enjeu de la mobilité hydrogène est donc double :
- Trouver une équation économique permettant d’assurer le développement de la filière
- Offrir des solutions alternatives aux véhicules de transport lourd existants
Notez que les utilisateurs se voient face à des réglementations de plus en plus strictes sans alternative économique viable. Le transport lourd prend donc tout son sens dans cette transition.
Mobilité lourde : la réponse aux enjeux de développement l’hydrogène ?
Nous venons de voir qu’un élément clé de la mobilité hydrogène réside dans la capacité des constructeurs à fournir des solutions accessibles. Il faut toutefois souligner que sans marché clair et conséquent leur permettant d’investir dans une ligne de production de véhicules hydrogènes les constructeurs sont assez réticents à se lancer dans l’aventure.
Outre l’aspect économique il est donc nécessaire de motiver le développement des sources de production mais aussi de distribution d’hydrogène. Les véhicules lourds (poids lourds, bus & car, navires) sont de nos jours le meilleur moyen de scaler la demande et donc la production/distribution d’hydrogène.
Répartition des stations hydrogènes existantes et en projets
1 – Afhypac & analyse Bertin Energie Environnement
En France, il existe uniquement 12 stations publiques ouvertes pour 29 en projets à réaliser d’ici 2023. C’est peu, comparé au nombre de station de charges électriques.
Le plan de déploiement hydrogène présenté par Nicolas Hulot est émetteur d’une grande promesse pour cette filière et vise à :
- Créer une filière industrielle décarbonée
- Développer des capacités de stockage des énergies renouvelables
- Développer des solutions zéro émission pour les transports routiers, ferrés, fluviaux, etc.
Ce plan prévoit notamment un dynamisme de la filière hydrogène à travers le transport lourd simplement parce que celui-ci entrainera une consommation volumique d’hydrogène. C’est par ce biais qu’on verra un écosystème autonome se mettre en place. Les économies d’échelles qui en résulteront seront à la source de la viabilité du modèle économique du développement des stations de charge.
En conclusion, le cadre réglementaire est un élément majeur de la transition énergétique et la condition sine qua non à la création de nouveaux marchés qui ont besoin de développement à grande échelle pour trouver une équation économique. Les innovations technologiques autour de la mobilité propre sont nombreuses et complémentaires. Elles devront atteindre une certaine maturité technologique et financière afin de convaincre les transporteurs qui se retrouvent démunis de solutions. L’hydrogène a quant à lui une place certaine dans la mobilité lourde de demain, sa croissance et son développement résulteront d’une consommation à grande échelle. Le cadre réglementaire évolue en faveur de l’instauration de ces solutions innovantes et décarbonées pour les véhicules lourds, notamment à travers des directives nationales et européennes.