Point sur les freins règlementaires à l’hybridation

Quelques mots sur la règlementation des projets d’hybridation

Avec l’enjeux croissant de décarbonation du secteur énergétique et le récent essor des projets de génération électrique renouvelable, un besoin majeur en flexibilité électrique émerge. En découle alors l’idée d’allier les sites renouvelables à des moyens de stockage offrant à ces derniers la pilotabilité qui leur manque. La rentabilité d’une telle association dépend d’une part du prix des batteries, actuellement en baisse, mais aussi de l’adaptation du cadre règlementaire. Le terrain règlementaire des moyens de stockage est aujourd’hui de plus en plus propice à leur développement. Il existe néanmoins toujours certains freins que Naldeo est amené à étudier dans le cadre d’accompagnements en ingénierie de projets hybrides.

Hybrider, c’est toujours possible ?

Placer une batterie du même côté du compteur électrique qu’une centrale de production renouvelable (solaire par exemple), c’est rendre l’actif de production plus pilotable et donc potentiellement pallier le problème majeur de ce moyen de production décarbonée. En revanche, c’est aussi ajouter un intermédiaire dans le flux énergétique, qui induit des pertes énergétiques et complexifie la traçabilité. Cette dernière est pourtant essentiels à la rémunération des actifs quand l’énergie est subventionnée par certaines aides de l’état. De plus, l’interdiction de former des réseaux de distribution privés peut se poser : si deux exploitants différents possèdent d’une part la centrale de production et d’autre part la batterie, la configuration peut être illégale. Certains projets ne seront donc pas aptes à l’hybridation, selon les contrats de rémunération de la centrale et le fait qu’il y ait ou non plusieurs exploitants.

Zoom sur le soutirage depuis le réseau dans le cas d’une production en complément de rémunération

Le soutirage depuis le réseau public de distribution pose un problème d’identification des flux et donc de calcul du soutien public : un électron qui sort de la batterie provient-il de la centrale renouvelable ou du réseau public ? Dans les textes de loi, aucune réponse claire ne tranche dans le cas d’une centrale en complément de rémunération, et on observe même des contradictions à ce sujet dans des consultations publiques. En pratique, ce soutirage n’est rendu possible par les référentiels de contrôle solaires et éoliens que si il est explicitement précisé en amont dans le cahier des charges du complément de rémunération.

Bilan : quelles options pour quels contrats ?

Note : ce schéma donne des tendances et ne prend pas en compte de toutes les subtilités qui existent, notamment concernant la possibilité pour la batterie de participer aux services réseaux.

Quelles perspectives d’évolution ?

Les lois évoluent dans le sens d’une favorisation des moyens de flexibilité électrique. Des expérimentations comme celles menées dans le bac à sable réglementaire de la CRE laissent entendre que les possibilités d’hybridations pourraient augmenter à l’avenir ! De plus, le terrain réglementaire est en plein mouvement, d’où l’intérêt de suivre de près ces évolutions.

Nos équipes croient fortement en la valeur de ces modèles de production d’énergie décentralisée, renouvelable et multi-énergies pour adresser les besoins en électricité, et nous suivons au plus proche les évolutions règlementaires sur ces questions. Contactez-nous pour plus de détails sur ces points règlementaires ou partager vos projets avec nous pour concevoir des applications concrètes dès maintenant !

*Dans cet article, l’hybridation signifie l’association d’un moyen de production renouvelable et de stockage électrique au même point de livraison en injection et/ ou soutirage d’électricité depuis le réseau

Rédacteurs : Ines Harang et Alexandre Thierry